Faut-il cloner des espèces éteintes ?

L’industrialisation, le développement et la croissance de l’homme ont entraîné l’extinction de plusieurs espèces animales au cours de l’histoire. Mais avec le progrès technique et scientifique actuel, les hommes ont la possibilité de cloner les espèces éteintes pour les réintroduire dans notre écosystème actuel. La question qui se pose est : est-ce vraiment une bonne chose ?

Qu’est-ce que la désextinction ?

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la liste des espèces éteintes depuis les années 1960 augmente continuellement. En parallèle, les progrès en génétique offrent désormais aux hommes la possibilité de cloner ces espèces disparues. Ce procédé s’appelle désextinction. Ce clonage d’espèces disparues a été tenté depuis bien des années.

Par exemple, la séquence génétique du tigre de Tasmanie, déclaré disparu en 2013, a été reconstituée pour rendre possible son clonage. Les recherches dans ce sens se multiplient et les essais sont déjà en cours.

Un devoir moral ?

Les fervents de la désextinction soutiennent une dette morale que les hommes ont envers les espèces disparues. Un professeur renommé de l’Université de Melbourne qui a travaillé sur ces recherches soutient que puisque l’homme est responsable de l’extinction de ces espèces, c’est son devoir de les ramener à la vie. La désextinction est pour certains une manière d’assumer la responsabilité humaine face à son environnement.

Toutefois, d’autres dénoncent cette volonté de « jouer à Dieu ». Cette considération morale relève aussi de l’éthique et fait divisé les avis sur le clonage pour la réintroduction d’espèces disparues.

La réalité du clonage

Bien que la perspective de faire revivre des espèces soit alléchante, la réalité est moins réjouissante. Pour en témoigner, en 2003, une équipe de chercheurs avaient fait «revivre» le bouquetin des Pyrénées. Ils sont utilisés des tissus vivants recueillis sur la dernière représentante de l’espèce avant sa mort. Le clone nouveau-né a survécu une dizaine de minutes, avant de mourir. C’est à cela que ressemble la majorité des résultats de clonage jusqu’à l’heure actuelle. Les gènes isolés sont instables et la survie des clones n’est pas encore effective.

Les réalités environnementales actuelles

Pour la majorité, la cause de la disparition des espèces est son inadaptation à son milieu naturel, causé ou pas par l’homme. Ainsi, le problème de l’écologie est au cœur du clonage. Pour réintroduire une espèce et espérer qu’elle survive, il faut également recréer ses conditions de vie et son environnement. De ce fait, réintroduire des espèces dans des écosystèmes qui se sont dégradées ou ont évolué différemment en leur absence ne garantit aucunement un retour à l’équilibre.

Les espèces clonées devront, au mieux, vivre en laboratoire ou dans les meilleurs des cas en captivité. De plus, certaines analyses sur quelques espèces éteintes montrent que la santé génétique des derniers représentants d’individus est très faible. Ce qui signifie que même si le clonage réussi, l’espèce recréée sera très sujette aux maladies.

Ainsi, la désextinction est une possibilité qui laisse encore perplexe. Par ailleurs, les questions juridiques problématiques autour des espèces ne sont pas encore abordées dans cet article.